Il avait froid. Il avait faim. Il avait sommeil. Il avait soif. Et il était à 50 millions d’années-lumière de chez lui.
Il marchait sous la lueur pâle d’un soleil bleu qui paraissait lointain et diffus comparé au généreux astre d’or de son monde natal. La pesanteur était plus élevée que d’habitude, ce qui épuisait de plus en plus le pauvre soldat.
La guerre contre les Autres s’éternisait. Il était facile de vivre dans les fabuleux astronefs aux systèmes de sécurité perfectionnés, mais les fantassins étaient très exposés. C’est aux qui devaient affronter les Autres en permanence, avoir à supporter le spectacle de ces êtres hideux et cruels. La planète sur laquelle il se trouvait était perdue aux confins de la galaxie. Son peuple n’aurait jamais eu l’idée de se rendre ici si les Autres n’y avaient pas fondé un camp. On pouvait reconnaître à ces atroces créatures leur faculté d’adaptation.
Les Autres étaient la seule race de la galaxie douée de pensée intelligente, intelligence qu’ils utilisaient principalement à concevoir des façons de tuer toujours plus horribles.
Les Autres avaient refusé tout contact ; ils avaient massacrés les ambassadeurs et pris leurs technologies.
Il avait froid. Il avait faim. Il avait sommeil. Il avait soif. Et plusieurs Autres s’approchaient. Il devait à tout prix se préparer à les tuer. Ils apparurent en haut de la colline. Il tira alors plusieurs charges de son arme, décimant ses adversaires, qui poussèrent un bruit étrange et déchirant. Il s’approcha d’eux, comme mû par une curiosité macabre. Qu’est-ce qu’ils pouvaient le dégoûter : deux bras et deux jambes et une peau rosée, dépourvue d’écailles.